Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

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Revue de presse

24 avril 2013 - Lyon Mag

52 personnes contrôlées lors d’une opération anti-prostitution à Lyon

La répression envers les prostituées continue à Lyon.

Une nouvelle opération anti-prostitution a eu lieu mardi dernier, en début de soirée. 52 personnes ont été contrôlées, 15 procédures pour racolage ont été ouvertes et 26 camionnettes ont été mises en fourrière. Fin mars, trois opérations du même genre avaient eu lieu en une semaine.

Le collectif des prostituéEs de Gerland et l’association Cabiria organisent mardi une conférence de presse pour protester contre la répression dont elles font l’objet.

Les prostituées de Lyon dénoncent la répression qui les vise

Karen, porte-parole du Collectif des prostituéEs de Gerland veut faire part de son exaspération face la répression exercée par la police ces dernières semaines. Depuis le 19 mars dernier, les prostituées sont la cible quasi-quotidiennement de contrôles de grande ampleur. Ce qu’explique Laura Garby, membre de l’association Cabiria qui accompagne les travailleurs du sexe. "Ils quadrillent le quartier, mettent les voitures au travers des routes et contrôlent toutes les personnes présentes dans la zone. Ensuite ils emmènent toutes les camionnettes à la fourrière. Un hélicoptère survole parfois même le périmètre". Et à chaque fois, les prostituées doivent subir le même rituel pour récupérer le véhicule. "Il y a une procédure de fichage, la police relève les empreintes et même les ADN des personnes en prétextant lutter contre le trafic", continue Laura Garby. Entre 30 et 60 policiers se déplaceraient lors de chaque opération. De nombreux PV pour racolage sont aussi délivrés. Un procédé surprenant selon Karen. "Ca fait 20 ans que je suis sur le trottoir et c’est maintenant que la loi va être abrogée que je prends des PV". En effet, le Sénat a récemment adopté une proposition de loi visant à supprimer le délit de racolage passif, instauré par la loi de 2003.

Hasard du calendrier ou non, une importante opération policière a eu lieu à Gerland mardi juste avant et pendant la conférence de presse organisée par les prostituées. Le préfet Jean-François Carenco, qui s’était montré très véhément contre la prostitution qu’il ne considère pas "comme un métier", semble embarqué dans un rapport de force.

"On ne peut plus être sereins dans notre travail"

Bien qu’un arrêté municipal leur interdise de stationner à Gerland, les prostituées sont là depuis quatre ans. Une centaine de camionnettes seraient aujourd’hui stationnées dans ce quartier le soir. "On a choisi une zone industrielle, car il n’y a que des bureaux, explique Karen. Maintenant, ils nous chassent à nouveau mais pour aller où ? Ils veulent peut-être nous virer mais on va résister, car ce n’est pas maintenant que je vais changer de métier". Celles qui ont essayé de s’installer aux abords des routes nationales ont aussi été priées de se déplacer.

C’est pourquoi, le collectif de Gerland demande le retrait de ces arrêtés municipaux qui empêchent les prostituées "de travailler, de gagner de l’argent et de payer [leurs] factures". Elles affirment avoir essayé à de multiples reprises d’expliquer leur situation à la mairie, sans succès. "Aujourd’hui on est coincées, on a tout essayé, se désole Karen. Tout ce qu’on veut, c’est qu’on nous reconnaisse tout simplement".