Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

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ACTION TAPIN le 15 Septembre 2005 : Rassemblement devant l’Hotel de Ville de Lyon

Tract de la manifestation :


GHETTO POUR TAPINS, Y’A PAS MOYEN !

La situation créée par notre dernière expulsion (personnes prostituées et camionnettes) du port Rambaud et de la rue Montrochet donne lieu à une situation explosive.
D’abord déplacées du centre ville vers le quai Rambaud et alentours, aujourd’hui la mairie, aidée de la police, a réussit à nous agglutiner dans un véritable ghetto.
Cette situation risque de dégénérer rapidement pour plusieurs raisons :

  • Au niveau sanitaire, car les conditions d'hygiène risquent de se dégrader rapidement
  • Au niveau relationnel, car la trop grande proximité entre tou-t-e-s risquent de créer des tensions et des violences
  • Au niveau du moral, car comment travailler dans de telles conditions ?
  • Au niveau répressif, car au moindre accrochage entre nous, la police procédera à de multiples arrestations.


Comme si la loi Sarkozy ne suffisait pas à nous pourrir la vie !
Cette situation catastrophique ne peut pas durer, nous exigeons :
un autre lieu plus adapté, afin de réduire les violences, les abus et les situations dramatiques.

Ni victimes, ni criminelles,
nous resterons dignes et fières !
 

Compte rendu

Après le rassemblement des personnes prostituéEs qui a eu lieu jeudi 15 septembre 2005 à 14h devant l'Hôtel de ville, nous tenions à vous informer de l'évolution de la situation. Avant toute chose, nous tenions à vous remercier sincèrement de votre mobilisation et de votre soutien. Sans chacunE de vous, il n'y aurait pas eu le même impact - si faible soit-il. Malgré cela, loin de nous de penser que les voix des sans voix (personnes prostituées, migrantEs, sans-papierEs,...) sont réellement écoutées. C'est pour ça qu'il faudra toujours crier et se faire voir !

Le rassemblement de jeudi dernier, organisé par un collectif de personnes prostituées avec le soutien de l'association Cabiria, a eu lieu dans le but de faire cesser la situation intolérable que subissent les travailleuses du sexe sur le territoire situé entre le quai Perrache et le pont Pasteur dans le 2ème arrondissement de Lyon. Un véritable ghetto a été créé, en amassant les personnes et les camionnettes du quai Rambaud et de la rue Montrochet dans un espace trois fois plus petit. Personne n’est dupe, c’est bien une stratégie minutieusement préparée qui les a amenés à réaliser cette expulsion et cette ghettoïsation.
Alors voilà, jeudi dernier, elles ont dit STOP, et ont réussi à se rassembler de manière solidaire et déterminée pour demander un changement immédiat : pour que cesse la concentration des travailleuses du sexe sur ce petit territoire alors même que Lyon est une ville où chacune pourrait avoir une place décente et sûre.

Ce rassemblement aura duré environ 2h, sous les fenêtres du Maire et de ces représentantEs, à coup d’affiches, de flyers, de chansons, de cris, de sifflets, elles ont voulu se faire entendre et ce fût le cas, peut-être plus par les passantEs et les curieusEs que part les « hauts responsables » eux/elles-mêmes. C’est seulement après 1h30 de pression qu’une personne a téléphoné sur le portable de Cabiria pour nous expliquer qu’aucun responsable ne pouvait nous recevoir, nous lui avons donc répondu qu’il n’était pas question que nous partions sans parler au Maire ou a unE de ses adjointEs. Réponse faite une demi heure après : un rendez-vous nous est donné lundi 19 septembre à 9h30, dans les locaux de Cabiria : maigre victoire, mais apparemment il n’y avait vraiment personne de « gradé » ce jour-là dans l’hôtel de ville, dommage ! Nous nous sommes donc séparéEs, un peu déçuEs, mais très contentEs de cette mobilisation, unitaire et solidaire !
Lundi matin, sept travailleuses du sexe se sont retrouvées à Cabiria en compagnie de deux personnes de l’association pour rencontrer les représentantEs de la mairie. Le dialogue était tout ce qu’il y a de plus cordial, tout d’un coup, il paraît évident que les tapins sont des personnes respectables et dignes, que la situation de ghetto n’a été souhaitée par personne, que la mairie ne décide pas grand chose et qu’il faut plutôt voir avec la préfecture. Nous ne croyons guère à cette soudaine compassion : quand le fouet du bourreau devient la caresse de l’amant, c’est que la potence n’est pas loin. Pas de dernière cigarette avant le bûcher, elles veulent travailler !
A cela, la mairie répond qu’ « elles peuvent exercer partout à Lyon en théorie », ce qui signifie qu’en pratique, elles ne peuvent bosser nulle part à cause de toutes les réglementations sécuritaires qui empêchent que les camionnettes stationnent, sans oublier le délit de racolage passif qui continue à être scrupuleusement appliqué par les forces de l’ordre.
Bien sûr, la Mairie ne peut pas donner un lieu (bien que lors des diverses évacuations, ce sont bien les polices présentes qui ont déplacé les personnes vers les nouveaux endroits !).

A suivre donc, nous avons convenu pour le moment que les femmes feraient une liste de 5 ou 6 autres lieux, afin de pouvoir continuer à travailler dignement, sans se faire chasser par la police. Conjointement, une demande de rencontre de la délégation des personnes prostituées avec le Préfet doit se faire prochainement.

Malgré le peu d’avancées effectives, nous resterons vigilantEs et déterminéEs pour chaque manipulation et violence exercée contre les travailleuses du sexe.
Encore merci de votre soutien, nous ne baisserons pas les bras ! N’en déplaise à celles et ceux qui refusent de nous tendre la main…